La main partit d'un coup et Arnaud eut
l'impression que sa joue était emportée, tant la douleur était
cuisante.
– Tu ne comprends donc rien ? Je t'ai déjà
dit de m'appeler « maman » !
– Mais…
La main se releva et Arnaud, la tête rentrée,
poursuivit en choisissant lentement ses mots :
− Maman, s'il te plaît, ne m'envoie pas à
l'école comme ça !
– Ah oui ? Et pourquoi pas ? Tu n'es plus un
adulte, Arnaud, depuis que je t'ai fait boire ce philtre de
transformation. Tu n'es qu'un petit garçon ! Et tous les petits
garçons vont à l'école…
– Mais… Maman... Tu m'as habillé en fille
!
Sa femme éclata d'un vaste rire. Arnaud se
rendait compte qu'elle forçait son effet uniquement pour l'humilier.
Il n'aurait jamais cru son épouse, silencieuse et tellement soumise
auparavant, capable de tant de vulgarité, ni d'une telle brutalité.
– Et moi, je dis que tu iras habillé en
fille, sale petit dégoûtant ! C'est ta punition pour avoir fait
pipi au lit comme un bébé !
– Mais je ne l'ai pas fait exprès, je te
jure, c'est ce corps, je n'arrive pas à le contrôler ! Ils…
Maman, ils vont tous se moquer de moi.
– Pauvre chou… Tu as oublié ce qui se
passe dans une cour de récréation ? Les petites filles vont se
moquer, c'est sûr et tu vas bien les amuser. Mais les petits
garçons, non… Ils ne se moqueront pas, ce sera pire ! Ils te
taperont tellement que tu finiras en carpette. Et n'espère pas
l'aide de l'institutrice… Tu te rappelles, l'institutrice ? Tu as
essayé de coucher avec elle pendant la kermesse de l'an dernier. La
pauvre se débattait comme elle pouvait pour essayer de t'échapper,
mais tu étais trop ivre pour t'en rendre compte ! Crois-moi, elle,
elle s'en souvient parfaitement. Il y a beaucoup de femmes comme ça,
qui se souviennent de toi…
– S'il te plaît, maman…
Arnaud se sentait tout morveux. Des larmes
coulaient sur ses joues rondes et il reniflait. Du temps où il était
un adulte, jamais il n’aurait craqué si vite, mais il n’était
plus qu’un gosse et, à l’intérieur, il était fragile et
trouillard comme un enfant.
– Zilteplaitmaman, zilteplaitmaman ! Petit
connard, va !
La femme s'empara de la maigre épaule et
bascula sur ses genoux le corps dérisoire qui se débattait. Elle
souleva la robe garnie de dentelles, tira sur le slip de fille et
commença à faire résonner les fesses du gamin à coups répétés
du plat de la main.
– Arrête de chialer, espèce de gonzesse !
Je t'interdis de pleurer ! Ah ! Tu te prenais tellement pour un
homme… regarde-toi, maintenant ! Et tu vas voir : la
robe, ce n’est que le début… Chaque fois que tu seras
contrariant, on ira plus loin. D’abord, tu seras obligé de te
comporter comme une fille, forcé de t’accroupir pour faire pipi et
obligé de jouer à la poupée. Et puis après, si tu insistes, on
reprendra les modifications sur ton corps, et tu finiras comme une
vraie gamine, crois-moi ! Ah, ah, ça te fera tout drôle, le
jour où tu te feras enlever les parties pour devenir une bonne
petite femelle…
Elle reculotta l'enfant d'un geste, le remit
debout et se redressa. Depuis la transformation d'Arnaud, elle était
deux fois plus haute que lui. Paniqué par les menaces, il levait
fébrilement la tête pour chercher une trace de pitié dans le grand
visage d'adulte. Il n'y en avait pas. La femme posa sa main sur la
tête d'Arnaud, appuya un peu et commença un mouvement circulaire du
poignet pour le forcer à se tourner vers l'entrée, le poussant
dehors.
– Non, maman, non ! Pitié…
Quand ils arrivèrent devant la grande porte de
l'école, l'institutrice les attendait. Autour d'eux, c'était le
brouhaha d'avant les cours. Les mères amenaient leurs enfants, elles
papotaient un peu pendant que les gamins se défoulaient en cris et
en courses, avant de devoir subir le calme forcé de la salle de
classe. On avait vite repéré Arnaud. Les quelques hommes présents
courbaient le regard quand ils le reconnaissaient et ils
s'empressaient de partir. Les enfants,
eux, riaient et le montraient du doigt. Les caïds de la cour de
récré se donnaient du coude, se délectant par avance de la cogne
qu'ils allaient lui mettre. Les filles pouffaient et leurs petits
yeux cruels s'allumaient de moqueries. Presque tous ces enfants
étaient aussi grands qu'Arnaud, beaucoup le dépassaient.
Quand sa « mère » l'obligea à lâcher sa
main, afin de le livrer à cette meute, Arnaud, tellement terrorisé,
pissa dans sa culotte devant tout le monde. L'urine coula sur ses
jambes et forma une flaque crasseuse sous ses souliers vernis.
L'institutrice et plusieurs mères posèrent sur Arnaud de longs
regards, soulignés de sourires méprisants. Sa femme s'approcha tout
près et lui dit avec douceur :
– Vraiment, Arnaud, tu vas regretter d'avoir
fait ça…
Incapable de se retenir, le petit Arnaud se
remit à pleurer…
Dans le genre humiliation, difficile de faire pire :) vraiment bien trouvé cette histoire... Bravo !
RépondreSupprimerBravo + 1 :D
RépondreSupprimerMerci Arlex, merci Alnaud.
RépondreSupprimerC'est le genre d'histoire qui fait du bien quand elle fait mal !
Une suite ?????
RépondreSupprimerPas prévue, non...
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