Bienvenue Aurélie !



Les regards me suivent et me collent. Je ne marche pas vraiment, je me dandine d'un pas rapide et énervé. Je voudrais être plus discrète. Je profite du reflet d'une vitrine pour contrôler mon apparence. Trois bourgeons d'adolescentes passent derrière moi, altières, soignées, longues chevelures et jointures fines. Elles échangent des rires en lorgnant mon fessier. Je vire, le nez baissé pour cacher mon désarroi. Je ressens mes courbes, mes rondeurs, mes bourrelets qui s'échappent de mes vêtements. Ma peau me pique de l'intérieur. Sous mes yeux il y a mes seins, grossièrement enfermés dans mon corsage. Leurs rebonds liquides me semblent tellement étranges.
C'est comme ça depuis ce matin, tout est bizarre. Au réveil, il y avait une voix chuchotée. Un homme nu sortait de mon lit, tout en parlant dans son téléphone : « Me suis pris une cuite hier soir, me souviens plus… Réveillé à côté d'un tas, laide à faire honte ! Dois me barrer avant qu'elle se réveille ». Il enfilait ses vêtements d'une main, pendant que je faisais semblant de continuer à dormir. Quand la porte s'est refermée, j'ai soulevé les draps. Je me suis dit : « Merde, c'est pourtant vrai que je suis moche !». Je n'avais pas fait exprès de penser ça, je ne savais même pas d'où ça venait. En fait, je ne savais même pas d'où JE venais. Je voulais me souvenir mais, avant ce réveil, rien n'existait dans ma mémoire ! Pourtant, ça n'arrivait même pas à m'inquiéter. Je suis restée un quart d'heure, couchée, molle, à attendre. Parfois, j'essayais de réfléchir et le regret m'envahissait. J'aurais voulu être belle, vive et mince. Être une femme qui n'est pas jolie, c'est triste. D'autres fois, je pensais à des images d'hommes aux sexes bandés et ça me laissait un gout de saleté dans la bouche. Je crois que j'avais honte, je ne savais pas vraiment pourquoi... J'ai reçu un SMS. Une adresse, une heure, rien d'autre. Je n'ai pas compris. Et puis je me suis dit que c'était une sorte de rendez-vous et qu’il valait mieux y aller. J'ai basculé mon corps hors du lit et j'ai fait ma sélection, dans mes tiroirs débordant de vêtements aux couleurs explosives. Il m'a fallu de longues minutes pour enfoncer mes formes goulues dans ces bouts de tissus serrés. Je me suis maquillée et, en me regardant à ce moment-là, j'ai trouvé que ça me rendait pimpante. Maintenant que je suis dans la rue, je suis juste gênée.
« Vise le cul qui sort du jean ». Je suis tirée de ma rêverie par les voix brusquées d'une bande de jeunes mâles. En pleine rue, leurs compliments sentent le HLM en goguette et résonnent comme des menaces. « Hé ! Madame, t'es trop distinguée tu sais », « Allez viens, j'connais un coin, on ken ». Je parts, tout en essayant de ne pas accélérer le pas, des épines glacées dans le ventre, honteuse de toutes mes rondeurs qui ondulent, espérant de toutes mes forces qu'ils me laisseront tranquille. De toute façon, qu'est-ce que je pourrais faire, s'ils me touchent ? Chacun d'eux est fort deux fois comme moi. Après une vingtaine de mètres, je respire à nouveau. Ils se sont éloignés.
Quelques rues plus loin, j'arrive enfin à mon adresse. C'est une entreprise. J'entre dans une petite ruche dynamique, remplie de gens bien habillés, affairés derrière leurs ordinateurs derniers cris. Ils ont cet air supérieur de ceux qui appartiennent à un monde. Dès qu'ils me voient, je réalise que je ne suis pas à ma place. Certains s'écartent, d'autres s'envoient des sourires de connivence, comme si j'étais le sujet d'une vieille plaisanterie. Je suis troublée. Pas seulement par le fait qu'ils ont tous l'air de me connaître, mais il y a aussi des bouffées me prennent, comme si des choses cherchaient leur chemin dans ma tête. En plus, les hommes me donnent des pulsions idiotes d'être mise à quatre pattes et bourrée par des sexes. J'ai des images de gifles à la croupe, de tignasse empoignée, de sperme craché comme du mépris. Ça me rend moite et ça me dégoute à la fois. Les femmes, c'est plus étrange. Je voudrais les prendre comme un mâle possède des femelles et, en même temps, les regarder m'humilie : elles sont si sûres d'elles-mêmes, tellement ce que je voudrais être ! Je traverse misérablement la pièce.
Une amazone splendide s'approche, sanglée dans un tailleur impeccable. Elle a ce genre de physique qui plait aux deux sexes, longue, déliée, avec les formes qu'il faut. Elle a, surtout, ce grand regard glacé qui vous interdit de la confondre avec un jouet sexuel ! Tout le contraire de moi…
– On a décidé de ne pas renouveler ton contrat ! Tu ne travailles plus ici.
Devant ma confusion, un sourire caresse ses lèvres. Je ne réussis pas à bafouiller trois syllabes qu'elle me coupe.
– Le patron veut te voir !
Nous pénétrons dans un grand bureau qui respire le pouvoir tranquille, celui qui vous broie et qu'on ne peut jamais atteindre. Dans le fauteuil directorial, un homme nonchalant me dévisage, sa large carrure mangée par le dossier. Sa figure réveille des sensations en moi, mais c'est encore trop confus. Un prénom émerge : il s'appelle Alex.
– Approche Aurélie…
Mes idées se précisent, je crois que des souvenirs me reviennent. Je baisse les yeux sur mon corps et c'est comme si je le découvrais. Une grimace de répulsion tord mon visage, un sifflement s'arrache de ma gorge. Je ne suis pas « elle », je ne suis pas « ça », je ne suis pas cette femme ! Je suis cet homme ! Je devrais être cet homme. C'est moi, Alex, assis dans ce fauteuil ! Sauf que je suis là, posé devant lui… Ça s'entrechoque dans ma tête. Par éclairs, l'espoir s'enflamme : c'est un cauchemar, un jeu, une erreur, c'est impossible et farfelu ! Mais la réalité retombe, intransigeante, je suis vraiment devenu une femme ! Ces seins, ces fesses, cet entrecuisse en creux, ils sont collés sur moi ! Mon corps me serre, il m'entoure comme une prison étanche. Et je regarde l'homme, mon corps d'homme. Il est si proche pourtant, mais la distance qui nous sépare est tellement infranchissable ! Ses yeux comprennent et me condamnent, se figeant avec un reflet de joie logé à l'intérieur… Il ne me sortira pas d'Aurélie ! J'ai l'impression d'être dans un cercueil refermé par erreur, je suffoque et je gémis, je veux retrouver ma vie, tout de suite !
– Ferme-la, tu nous fatigues !
La femme me domine de toute sa cruelle beauté. Le silence qu'elle m'impose me rend un peu de calme. C'était ma secrétaire. J'avais l'habitude de basculer son joli corps sur mon bureau et, avec moi, elle était docile et distrayante. Je traine un regard perdu sur la pièce. Cet endroit m'évoque des souvenirs tellement doux. Mais, désormais, tout est froid, totalement incompréhensible… Ce monde est devenu coupant !
– Je sais que tu n'es plus très futé… La voix de l'homme est onctueuse mais parcourue d'intonations définitives ; c'est la voix que je prenais pour humilier. Mais tu as quand même compris que je me suis installé dans ton corps et que tu es enfermé dans le mien. Ça s'est passé la nuit dernière… L'échange ne s'est pas limité qu'à ça, d'ailleurs. Toute notre aptitude à la vie s'est trouvée inversée ! Dans le partage, disons que j'ai récupéré presque tous les atouts et que tu as reçu pratiquement toutes les mauvaises cartes. Tu n'auras pas la tâche facile, dans cette peau de fille idiote et un peu dérangée, mais que veux-tu, il fallait bien que quelqu'un prenne ma place…
Mon cerveau balbutie. Je ne veux pas réaliser. Je me souviens d'Aurélie, c'était une grosse fille que j'avais embauchée parce qu'elle faisait pitié, au point que ça en devenait drôle. Empressée, maladroite, fagotée comme une enseigne au néon, sa vue évoquait l'arrière-gout d'un hamburger industriel refroidi. Cette fille, c'était juste une flaque de stupidité graisseuse et endormie, une souillon-à-claque qui s'affolait pour un rien, et qui ne voyait même pas qu'on jouait avec elle… J'essaye de comprendre comment elle est parvenue à me voler ma vie, mais la question m'écrase dès que je me la pose et je perds le fil. Tout ça semble si compliqué ! Une bouffée de tristesse me prend quand je réalise que je suis sans doute réellement idiote…
Mon ancienne secrétaire est venue se mettre à côté de mon corps d'homme. Elle me fixe, savourant l'instant. Son air sauvage me terrorise mais, en même temps, je sens une vibration gluante qui s'insinue en moi, comme un appel au plaisir ; le plaisir de se soumettre… J’aime donc ça ? Je ne sais vraiment plus où j'en suis. La femme appuie ses mains sur le bureau et se penche vers moi.
– Progressivement, tu vas retrouver la plupart de tes souvenirs. Mais ils ne te serviront à rien, seulement à regretter plus fort ton ancienne vie.
Le nouvel « Alex » opine.
– Tu dois savoir que je n'aurais rien pu réussir sans son aide. Quand je lui ai parlé de mon projet, elle était impatiente ! Peut-être que tu aurais dû être plus galant avec elle. Généralement, les femmes sont sensibles à ce genre de choses…
Démentant ses paroles du geste, il se met à caresser les fesses de la jeune femme, qui prend l'air las de celle qui retrouve une vieille habitude. Elle se redresse et se retourne vers mon corps d'homme, dardant sur lui un regard meurtrier, pourtant, imperturbable, la main poursuit son pelotage et termine par une petite claque.
– Si tu allais me chercher un café, ma belle ? Prends ton temps, j'ai à parler sérieusement…
Superbe et hautaine, ravalant sa colère, elle sort de la pièce sans un mot.
– Elle est un peu boudeuse, mais il faut la comprendre, me dit Alex sur un ton de confidence entre copains, comme si nous étions dans la même équipe. Une seule de nous deux pouvait faire le transfert. Elle, elle devra rester une femme… Tout comme toi.
Il s'est levé, tournant autour du bureau pour se placer derrière moi. Il me frôle et ma respiration se fait plus courte. Je jette de petits coups d'œil en arrière, sans oser vraiment regarder. L'odeur de son eau de Cologne me trouble, évoquant un corps enivrant sortant de la douche, nu, musclé, la peau blanche et fraiche. C'est de mon corps d'homme qu'il s'agit ! Comment puis-je avoir ces pensées ? Finalement, je lève la tête et je vois, de ses yeux qui me dominent, son dégout se déverser sur moi ! Dans ma chair, je me sens soudain flotter, et l’image d’un étron porté par l'eau des égouts passe fugacement dans mon esprit. Je sens ma fente, ma graisse, ma tête pathétique de fille trop maquillée et mal habillée… Des mots étouffés basculent de mes lèvres trop rouges : « s'il te plait… ». Mais l'homme est un bloc de mépris et je ne suis qu'un emballage usagé.
– Tu serais encore supportable, les bons jours, mais avec tes envies de vide-couilles en plus du reste… Tu es une grosse salope et tu ne t'assumes même pas !
Mon corps d'homme prend mon poignet et me guide vers son pantalon. Affolé, je n'arrive pas à résister. Je fixe « Alex » et je comprends immédiatement qu'il est inutile de réclamer. C'est vraiment comme si j'étais face à moi-même ! Masculin, dominant, dressé, j'ai la posture confortable des hommes à l'aise, respirant l'égoïsme paisible de ceux qui ont l'écrasement naturel. C'est bon pour les femmes, les vêtements étroits et compliqués, les longues préparations, les garde-robes couteuses et périssables, les obsessions des regards qui vous déshabillent ou, pire, qui vous laissent de côté, les contraintes du corps, de la ligne, de l'âge, les soucis de la réputation et le qu'en-dira-t-on qui plane comme une menace, le plaisir qui se charge de honte, les moments d'abandon qu'on doit faire oublier, les agendas impossibles, les mâles et leur violence toujours prête à passer la limite, les embêtements à échéance mensuelle, les angoisses de la pilule qu'on a sautée… Tout ça, c'est juste bon pour Aurélie. Alex, lui, n'a qu'à cueillir et profiter !
– Après tout, c'est une belle manière de dire adieu à ta vie masculine, n'est-ce pas ? Je te dois bien ça.
Je sais ce qu’il va faire et je sais qu'il ne fera ça que pour lui. Moi, en-dessous, amer, écœuré, enfermé dans ce trou de seconde zone, je vais seulement servir de réceptacle. Avant qu'il passe à autre chose. Dans ce genre de scène, la fille n'est qu'un accessoire jetable et, après tout, ça ne devrait pas me choquer, je suis une femme maintenant. Je n'ai qu'à penser à autre chose pendant le prochain quart d'heure et puis il suffira d'un kleenex pour m'essuyer… Seulement, l'idée d'être un fourreau à pénis me dégoute. Ce serait comme devenir homosexuel d'un jour à l'autre, c'est au-dessus de mes forces !
Il ne va de toute façon pas me demander mon avis. Il met mon sexe d'homme dans ma main d'Aurélie. Je me suis déjà masturbé, quand j'étais Alex, mais là, ça n'a rien à voir. Il tire sur mon bras et mes doigts tournent autour du gland. C'est humide et un peu filandreux dans ma main. Une chaleur creuse monte de mon ventre et je ne sais plus quoi faire. Être enfilé par moi-même, par mon corps, comme un reflet de miroir qui me tomberait dessus, ça me semble impossible à supporter ! La colère se mélange à ma peur et se met à rouler, comme une gêne constante remontant de ma poitrine. Mais cette rage s'évapore dans les méandres pervers de ma cervelle et tout ça me laisse juste impuissant, enfoncé dans l'inconfort et l'attente, lourd comme dans ces rêves où nos gestes s'engluent dans un inexplicable ralenti. Il se penche, sa bouche s'approche et se pose sur mes lèvres immobiles. Mes yeux sont prisonniers des siens. Sa main remonte sur mes seins, dans une caresse pas si désagréable que ça, qui répand une douceur horrible sur ma colère toujours aussi vive et toujours aussi vaine. Mes deux melons, sortis du tissu, pendent maintenant devant moi. La honte me ronge et mes entrailles me brulent.
J'arrive enfin à réagir et je m'agite un peu, lentement, pour me dégager, mais visiblement il n'a pas le temps de s'ennuyer avec ça. Aurélie n'est là que pour subir. Il prend ma nuque et il la pince, me faisant serrer les épaules avec une grimace, puis d’un geste vif il me couche sur ce bureau que je connais si bien. C’est seulement qu’avant, je le voyais d'un peu plus haut, avec une fille en dessous de moi. C'est moins agréable lorsque c’est moi la fille, que le rebord m’entre dans le ventre et que mes fesses attendent la suite sans même savoir quand ça viendra. Mon jean et ma culotte sont soudain tirés vers le bas, d'un coup si violent que des coutures se déchirent, laissant tout mon bassin crépiter sous la douleur de ma peau brutalement raclée ! Serrant les dents, je me vois sortir d'ici à moitié nu, dans des vêtements en ruine. Inutile de me plaindre, de demander ou de me débattre. Je suis sur le bureau et tout ce qu’une femme peut faire ou dire dans ces cas-là ne sert qu’à l’humilier d’avantage. Mon sexe d'homme commence alors à frotter les lèvres de ma nouvelle vulve de femme. Il est dur et écrase mes replis, précisant rapidement son approche. Je sens qu'il va entrer et mes cuisses s’agitent de soubresauts nerveux.
Quand le pénis – mon pénis ! – s'enfonce en moi, je gémis de douleur, et malgré moi d'impatience. Ma fente s'enflamme sous une pluie d'infimes piqures, alors que des pétillements ambigus s'effilochent le long de mes hanches. C'est la première fois que je me fais pénétrer, du moins, la première dont mon corps d'Aurélie se souvienne, et c'est tellement étrange de se sentir si vide, puis remplie, surtout quand on n'a que des habitudes d'homme ! C'est sale et frustrant tout à la fois, comme s'il me fourrait de crasse mais que j'en avais besoin malgré tout. De son côté, en mâle pressé, « Alex » est tout de suite passé au rythme emballé d'un pilonnage en règle. Les coups brefs et profonds remontent violement dans mon ventre, tandis que sa main appuyée sur mes reins me bloque et que mon bassin se soulève à chaque lancée. A chaque reflux, mon clitoris gonflé s’écrase sur le bureau comme une boule qu'on roulerait sous les doigts… À l'autre bout, mes seins claquent en rythme l'un contre l'autre. Sa main libre stop leur battement de métronome, s'emparant du plus proche pour le presser comme un fruit mûr. La douleur coupe mon buste et j'essaie de l'écarter, mais ses doigts enfoncés n'y prennent pas garde et continuent de fouiller dans ma poitrine. Après quelques secondes, je ne veux plus qu'il s'arrête.
C'est répugnant, d'être obligé d'aimer ça sous l'assaut de mon corps masculin. Il me baise juste pour me briser, comme on se débarrasse d'un mauvais souvenir. Mais, aussi, comment avoir de l'estime pour moi ? J'ai beau faire des efforts, Aurélie ne peut même pas s'empêcher d'apprécier, alors qu'on la viole ! Elle est là, ramonée, secouée, vulgaire sac humain affamé par ses vides, étalée dans sa veulerie de chatte en chaleur ! Cette femme n'est qu'un gadget, une bonne blague et la chute, ce sera la giclée qu'Alex va me coller dans le ventre et le bon coup de pied au derrière pour me remettre dans le caniveau. Aurélie ne mérite pas mieux, c’est certain, et le problème c'est que c'est moi qui suis emprisonné à l'intérieur…
Les hanches masculines s'accélèrent, c'est pour bientôt. Il se tend, engagé au maximum, il se soulève nerveusement plusieurs fois et se relâche. C'est terminé, il m'a poissé. Sa verge fait un bruit de claquement de salive en s'éjectant de mon vagin. La dernière goutte de semence est jetée sur mes cuisses et je sais ce qui m'attend ensuite : dehors ! La peur de la rue me prend à la gorge. Dans ce monde plein de mâchoires, je vais être mis en pièces… Je vois déjà les humiliations, les déchéances à répétition, les sales coups de l'existence. Je ne vais pas faire face ! La panique monte. Je voudrais chouiner, comme un petit garçon appelle maman, supplier « Alex » qu'il me garde à l'abri. Je ferais tout, j'accepterais tout, pour ne pas être livré sans défense à la vie pitoyable d'Aurélie. Je serais sa chienne, posée là, toujours d'accord, toujours gentille… pourvu qu'il me protège de moi-même !
Mais « Alex » sait deviner mes pensées et je n'ai pas ouvert la bouche qu'il secoue déjà la tête. Sans autre émotion, mon corps d'homme me tourne le dos et sors de la pièce. Derrière la porte, il y la secrétaire qui attend, le café à la main.
– Tu m'en débarrasses, je ne veux plus la voir !
Elle s'approche, impériale et polaire. Elle pose le gobelet sur le bureau. Chaque seconde qui passe est un sursis dérisoire. Mes sens égarés par la terreur, je me mets à répéter d'une voix plaintive, réduite à un filet :
– Je ne veux pas, c'est moi Alex… Je suis Alex…
Sa main se ferme sur mon épaule. La crispation de ses doigts dans ma peau ne laisse aucun espoir. C'est terminé, je suis un homme fini. Emprisonné dans mon corps de femme, je me mets à pleurer, comme une vraie gonzesse.





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