Pauvre Cyrille !

 

Chapitre 1 : Où Cyrille se rend compte qu’il n’est pas si facile que ça d’échapper aux filles !


Cyrille était un jeune apprenti sorcier pas très doué. Il était à l'âge où rien n'intéresse les garçons, à l’exception notable de tout ce qui porte une jupe – rugbyman écossais mis à part, bien entendu ! Cyrille ne pensait qu'aux filles et il y pensait si bien qu’il ratait tous ses sorts. Son maître désespérait de lui.

Un jour, fatigué d'être rabroué en permanence, Cyrille confia ses soucis à son ami Julien.

– Tu comprends, c'est une histoire d'hormones ! Jour et nuit je suis obsédé par ces damnées aguicheuses et par toutes les choses que je voudrais leur faire, et aussi par toutes celles que je voudrais qu’elles me fassent… Alors, je ne peux pas me concentrer sur la magie, tellement ça me distrait, et je fais n'importe quoi. Tiens, aujourd'hui, je devais transformer un prince en grenouille. Un exercice de base. J'ai agité ma baguette, j'ai lancé la formule, et devine ce que j'ai fait de ce pauvre type ? Un soutien-gorge ! Enfin, pauvre type... Les filles de la classe le trouvaient trop joli avec ses petites dentelles et elles se sont battues pour l'avoir. Tu te rends compte que ce veinard va passer sa vie collé contre une paire de seins ! Rien qu'à l'idée... En attendant le maître était furieux et il m'a envoyé un éclair dans les fesses.

Julien n'avait jamais eu aucun pouvoir magique, mais c’était un garçon malin qui savait tirer parti de la plupart des situations.

– En fait, je crois que ton problème Cyrille, c'est que tu ne sais pas diriger ta magie sur les bons objectifs. Il faut que tu trouves quelque chose qui te motive. Par exemple, je suis certain qui si tu lançais un sort pour soulever la robe d'une fille, tu ferais des merveilles.

– J'ai déjà plus ou moins essayé… répondit Cyrille en baissant sinistrement la tête. L'autre jour, au stade, il y avait cette belle rousse qui remuait et qui criait quand son équipe marquait. Et moi, en regardant toutes ces rondeurs s'agiter comme ça, je ne pensais qu'à une chose : voir à travers ses vêtements ! Alors j'ai lancé un sort en douce...

– Et ça a marché ?

– Ah ben pour ça, oui ! Toutes les femmes de moins de quarante ans dans le public se sont retrouvée toutes nues ! Je ne te dis pas le foin que mon maître à fait après ça. Je n'ai jamais vu autant d'éclairs de ma vie !

– C'est bien ce que je disais, c'est seulement une question d'inspiration. Faisons un essai, tu veux : transforme-moi en fille !

Cyrille regarda son ami, éberlué.

– Répète !

– En fille ! insista Julien, qui avait toujours eu certaines envies particulières qui lui trottaient dans la tête. Vas-y ! Pense à la bombasse suprême, au canon le plus sexy de tes fantasmes, à celle qui te fait dresser la baguette rien qu'à y penser. Concentre-toi très fort dessus et transforme-moi !

– Mais je n'ai pas le droit ! D’abord, ce genre de métamorphose, ça ne se réussit pas comme ça, et puis c’est très réglementé !

– Je le sais bien, que c’est réglementé, banane ! répondit Julien avec un air méprisant, pourquoi crois-tu que je doive m'adresser à un raté encore puceau comme toi ?

– Hé ho, doucement hein ! D’abord je ne suis pas un… Euh… Je ne suis pas un raté !

– Alors, prouve-le-moi !

Ce fut une des plus belles métamorphoses de l'histoire de la magie. Cyrille, hors de lui, pointa son doigt sur Julien et le transforma instantanément en une jeune asiatique à la plastique affolante. Avec son visage adorable, son corps mince et ses rondeurs gorgées de vies, Julien était devenu une vraie friandise à garçon !

– C'est parfait dit l'exquise demoiselle, en détaillant soigneusement tous les appâts de son corps de rêve, à partir de maintenant, tu peux m'appeler Yuki !

Cyrille tomba instantanément amoureux de sa créature et il essaya de l’enlacer, mais la petite rouée n'avait aucune envie de s'encombrer de ce lourdaud. Vive comme un feu follet, elle glissa entre ses bras et s'échappa dans un rire, plantant là le garçon déconfit.

Quand Cyrille revit Yuki, plusieurs jours avaient passé. Mais il ne l'avait pas oubliée, ça non ! Entre autres parce que son postérieur était encore cuisant de la punition infligée par son maître, suite à cette malencontreuse transgression des règles qui lui avait permis de fabriquer cette beauté.

C'était dans une fête et Yuki était bien entendu au centre de l'attention. Tous les hommes présents étaient sous son charme. Cyrille soupira en la regardant se jouer si facilement de ces pauvres mâles. Elle le reconnut et lui fit signe d'approcher. Ne voulant pas trop croire à sa bonne étoile, et rendu très circonspect par sa dernière mésaventure, il s'avança prudemment.

– Salut, Julien.

– Bonjour Cyrille, dit-elle d'une voix qui aurait fait perdre la tête à n'importe qui. Je voulais te féliciter pour ce corps que tu m'as donné, il est parfait.

– Oh oui, soupira longuement Cyrille en regardant la pétillante asiatique.

– Mais il a un léger défaut : il manque un peu de poitrine. Tu aimes les gros seins ?

– Oh oui, gémit Cyrille qui trouvait que même comme ça, ce serait un délice de pouvoir enfouir sa tête dans ce corsage.

– Tu pourrais, disons, faire un peu de service après-vente, en m'arrondissant un peu ces deux beaux jumeaux ?

– Oh non !, s'exclama Cyrille qui savait que son maître allait être terriblement furieux s'il osait une telle chose.

– Allons Cyrille... Tu n'as pas peur tout de même ? Tu es un homme oui ou non ? Et si tu fais ce que je te demande...

La petite se mit à faire un geste de la main vers sa bouche ouverte, sa langue appuyant contre sa joue pour simuler le mouvement d'un pénis dans sa bouche.

– Si tu fais ce que je te demande, je te suce ! Promis, juré, craché !

« Non ! Je ne peux pas ! » pensa Cyrille, qui luttait intérieurement pour résister à l'alléchante proposition. Mais la petite bouche à la moue tentatrice l'avait déjà vaincu ! « Ah ! Ces filles ! Pas moyen qu'elles se tiennent tranquilles ! » se dit le pauvre garçon avant d'accepter...




Chapitre 2 : Où Cyrille se rend compte que, deux filles pour le prix d’une, c’est parfois une très mauvaise affaire !


­– Yuki, tu avais promis !

Yuki haussa les épaules en lâchant un soupir exaspéré.

– Promis, promis... Non, j'avais juste dit que j'y réfléchirais...

Cyrille, prit sa voix la voix grave et fixa sur la jeune fille son regard le plus sombre. Il espérait vraiment faire peur.

– Yuki ! À cause de toi, mon maître était à deux doigts de me transformer en vibromasseur et de m'offrir à un homosexuel de ses amis ! Et j'aurais vraiment détesté ça ! Alors, tient ta promesse et fais-moi cette turlute ! Sinon...

– Sinon quoi ? répondit Yuki d'un ton léger. Ne sois pas stupide, Cyrille. Nous savons tous les deux que tu ne me feras jamais de mal.

– Ah oui ? Ah ! Ah ! Tu crois ça ! Et, euh... Comment tu le sais, d'abord ?

– Eh bien, primo, parce que ton maître sent immédiatement quand tu lances un sort hors de sa présence, et je crois que tu n'as pas très envie de le fâcher davantage. Et, secundo, parce que tu es amoureux de moi...

C'était injuste ! Julien était futée comme une fille, depuis qu'il était une fille, et Cyrille n'était vraiment pas de taille. Il s’en alla en maugréant…

Il rumina son ressentiment pendant deux semaines entières. Yuki avait raison bien sûr, il était dingue amoureux de cette adorable garce, et elle en profitait honteusement. Dire que, pendant qu'il était là, à tourner en rond, elle devait être en train de satisfaire ses appétits de mante religieuse avec des nuées d'hommes, tous plus grands, plus riches et plus beaux que lui bien évidemment. Cette pensée lui était proprement insupportable. Mais elle lui donna une idée. Une idée pour punir la cruelle péronnelle précisément par là où elle avait péché. Cyrille se trouva soudain délicieusement diabolique et, dans le secret de son esprit, laissa éclater un rire de méchant de cinéma. Mouahahahaha. Il mit immédiatement son plan à exécution.

Trois jours plus tard, Cyrille sonnait chez Yuki. Ce fut Xavier, le grand frère de la jeune fille, qui lui ouvrit.

– Tiens, Cyrille ! Jamais découragé à ce que je vois. Tu viens encore pour essayer de convaincre Julien de sortir avec toi ?

– Je... Oui, en quelque sorte. Elle est ici ?

Xavier cria à travers l'appartement : « Julien ! » Et une petite voix furieuse lui répondit :

– Yuki ! Je t'ai déjà dit de m'appeler Yuki !

Yuki arriva, une serviette nouée sous ses épaules, une autre dans les cheveux. Elle sortait de la douche et elle était belle, belle, belle... comme une Vénus ! Cyrille fut à deux doigts de renoncer à son projet.

– Ah, ce n'est que toi… Lâcha Yuki avec un petit regard dédaigneux, regonflant à bloc la résolution de Cyrille. Elle s’apprêtait à repartir mais Cyrille l'arrêta.

– Je dois te parler, Yuki, c'est très important.

Elle s'approcha, alors que Cyrille sortait la petite fiole de potion qu'il avait préparée. Si son maître sentait dès que Cyrille lançait un sort, il n'en allait pas de même pour les potions qu'il utilisait. Et celle-là, lorsque le liquide toucherait la peau de Yuki, allait définitivement vaincre les réticences de la belle indifférente ! Ça ne pouvait pas rater, c'était une préparation que Cyrille connaissait parfaitement ! En fait, c'était même la seule qu'il connaissait, bien qu’il n’ait jamais osé l’utiliser jusqu’à présent…

D'un geste rapide, il déboucha la bouteille et jeta son contenu au visage de Yuki qui, leste comme une gazelle et ayant sentit le piège, se baissa et ne reçut pas la moindre goutte. Tout termina sur la tête de Xavier, placé juste derrière, qui eut l'air de ne vraiment pas apprécier ce genre de plaisanterie.

– Cyrille, je vais te tuer !, dit lentement le jeune homme en essuyant le liquide qui dégoulinait sur lui. Xavier était à peu près deux fois plus fort que Cyrille, mais celui-ci ne craignait pas la vengeance de Xavier. Il avait des peurs bien plus pressantes…

– Oh là là, ce n'est pas bon ça... Pas bon du tout... gémit l'apprenti sorcier.

– Qu'est-ce que c'était que ce truc ? Demanda Yuki, les poings sur les hanches, en pointant sur Cyrille deux petits yeux brûlants de colère.

– Une... Une potion...

– Abruti ! Ça, je l’ai bien vu, mais elle était censée faire quoi, cette potion ?

À ce moment-là, Xavier, les yeux écarquillés, se jeta comme un fou sur Yuki. Il empoigna ses seins à pleines mains et la serra contre lui. De la bave coulait de ses lèvres.

– Ben... répondit Cyrille, un peu quelque chose comme ça...

Xavier haletait et son corps était secoué de spasmes.

– Je... Qu'est-ce qui se passe ? Je... Je bande ! Je dois... Je ne peux pas m'en empêcher ! Oh Julien, Yuki, tu es si... Je... Au secours, je bande !

– Xavier ! Mais… Mais arrête, idiot, je suis ta sœur !

Mais rien n'arrêtait Xavier. L'effet de la potion agissait maintenant complètement sur lui.

– Cyrille, cria Yuki, fait quelque chose !

– D’accord ! Mais quoi ?

Cyrille essayait vainement de tirer sur les bras de Xavier pour libérer la jeune fille.

– Je ne sais pas, moi, lance-lui un sort ! Il y a urgence, là ! Il est pire qu’un clébard accroché à ma jambe et je sens déjà sa quequette toute gonflée !

Cyrille, paniqué, tourna son doigt en le pointant en direction de Xavier et lança un éclair qui le rejeta deux bons mètres plus loin. Xavier resta groggy quelques secondes. Mais ce n'était plus vraiment Xavier… Le sort de Cyrille l'avait métamorphosé en une splendide jeune femme et Cyrille se prit les cheveux.

– J'en ai fait une fille ! J'ai recommencé ! C'est de ta faute Yuki ! Tu m'as pressé et j'ai fait n'importe quoi, comme d'habitude !

– Oh, une grande sœur ! Yuki battit des mains en regardant Xavier qui revenait à lui. J'ai toujours eu envie d'avoir une grande sœur. Je l'appellerai Hitomi. Merci Cyrille !

Yuki déposa un petit baiser sur la joue du jeune homme, mais il n'y prêta aucune attention, parce qu'il savait que son sort n'allait pas annuler l'effet de la potion. Xavier, commença en effet à se rouler par terre en poussant des gémissements.

– Qu'est-ce qui m'arrive ! demanda-il entre deux feulements de chatte. J'ai des envies... Aaaah, mais qu'est-ce que c'est que ce corps ? Retirez-moi ça tout de suite ! Ce... Ce n'est pas correct pour un homme d'avoir des trucs pareils sur la poitrine... Et entre mes jambes ? Oh... Oh... Je... Merde, j'ai envie de trucs pour me rentrer dedans ! Je... C'est plus fort que moi. Aaaah, mais c'est dégoûtant ! Faites que ça cesse, je ne suis pas une femme ! Je... Je... Aaaah, pitié, c'est trop fort, trouvez quelque chose pour m'enfiler... Trouvez-moi des bouts de n’importe quoi, que je me les mette dans le trou... C'est insoutenable !

Yuki se tourna vers Cyrille, plus du tout contente.

– Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi elle se traîne partout sur la moquette ?

– C'est la potion que je lui ai jeté... Enfin que je t'ai jeté. Mais si tu ne t'étais pas baissée, rien de tout ça ne serait arrivé !

– À la fin, tu vas me dire ce que c'était, cette potion !

– Ben, euh, tu comprends, j'étais jaloux, parce que tu sors avec tout le monde sauf avec moi. Je ne supportais plus d'imaginer tous ces hommes avec toi en train de...

– Cyrille !

Yuki fulminait. Cyrille trouvait qu'elle était vraiment très belle, quand elle était en colère. Mais, en même temps, elle lui évoquait aussi des images de dragons et il se décida à répondre.

– Je... C'était un petit peu... Un petit peu une potion qui démultiplie les appétits sexuels. En fait, je voulais que... Que tu deviennes un petit peu, comme un petit peu excitée...

– Alors, parce que tu es jaloux, tu veux me rendre nymphomane ? Non mais, ça ne va pas bien chez toi… Tu sais bien que ce genre de fille couche avec le premier imbécile venu !

– Justement, je me disais que, comme ça, j'avais mes chances…

– Tu es trop bête, tiens ! Regarde dans quel état tu as mis Hitomi... Allez, fiche le camp d'ici, ton maître risque d'arriver d'un moment à l'autre pour te féliciter du sort que tu as jeté. Et, s’il traîne trop, c'est moi qui vais me charger de ton cas en te débarrassant de l'organe qui te sert à penser... Je parle du truc qu'il y a entre tes jambes, bien entendu !

Yuki promenait devant Cyrille son petit poing serré. Elle avait des ongles longs comme des griffes et son regard ne donnait pas envie de vérifier jusqu'à quel point sa menace était sérieuse. Cyrille préféra prendre ses jambes à son cou.

– Ah là là ! » Se dit Yuki en le regardant disparaître. « Ces garçons ! Ils ne pensent qu'à ça ! Décidément, pas moyen qu'ils se tiennent tranquilles ! »




Chapitre 3 : Où Cyrille se rend compte qu’une fille qui se jette sur lui, ce n’est pas forcément une bonne chose !


­– Maitre Philomédon, quelle bonne surprise !

Cyrille tordait un sourire gêné qui essayait pitoyablement d’avoir l’air de rien, devant son maître qui le fixait avec les yeux des mauvais jours, ceux où Cyrille finissait avec le derrière noirci et fumant !

– Cyrille, figure-toi que je viens d’avoir une démangeaison bizarre, du côté de mon bulleur-magicomètre ! Il vient juste de virer à l’écarlate, ce qui se produit toujours quand un petit imbécile se permet de lancer un sort interdit ! Tu ne verrais pas de qui je veux parler, par hasard ?

– Un petit imbécile, non, je ne vois pas…

Cyrille se trouvait au pied de l’immeuble où habitait Yuki et, avant qu’il ait réussit à inventer un mensonge convaincant – enfin, ce qui tenait lieu de mensonge convaincant chez lui – la voix de Yuki retentit dans l’escalier.

– Hitomi, au pied ! Raah, elle n’est pas obéissante !

La grande sœur déboula du hall, suivit de la jolie Yuki qui essayait de la retenir. Mais Hitomi avait senti la présence des hommes et, comme un fauve reniflant la proie, l’appel du sang était le plus fort ! Sauf que, bien entendu, dans le cas de la pauvre fille complètement allumée de désirs, ce n’était pas le sang sa cible principale… Elle referma ses bras autour de Cyrille et commença à lécher son cou, poussant des feulements prometteurs et moites. Le jeune homme restait parfaitement immobile et essayait de soutenir tranquillement le regard de son Maître, comme si tout ce qui se passait était entièrement normal.

– Oh, dit Yuki en agitant la main, vous êtes là, maitre Philomédon ? Vous allez peut-être pouvoir nous aider. Vous savez comment annuler l’effet d’une potion de nymphomanie ?

Deux éclairs précis comme des missiles partirent du regard de Philomédon en direction de Cyrille, dont le sourire se figea encore un peu plus, alors qu’Hitomi était toujours accrochée à lui.

– Ce qu’il y a de bien, Cyrille, c’est que tu es un garçon fiable : avec toi, on n’est jamais déçu quand on s’attend au pire ! Qui est cette jeune fille ?

C’était le genre de question qu’on n’a pas intérêt à faire répéter, et Cyrille avoua qu’il s’agissait du frère ainé de Yuki.

– Tout le monde à l’Apothicure, dit le vieux mage, nous allons régler ça.

Philomédon tapa de son grand bâton par terre et instantanément le petit groupe se retrouva dans la haute tour de l’Apothicure. Hitomi fut confiée à des mage guérisseurs, Yuki profita du fait que personne n’avait besoin d’elle pour se confier elle aussi aux mages guérisseurs, plus spécifiquement à un en particulier qui était mignon comme tout. Quant à Cyrille, Philomédon l’emmena dans son grand primoratoire.

– Vous êtes certain que je dois être attaché, maitre ? Ce siège ressemble drôlement à un instrument de torture, quand on y réfléchit…

– Vois-tu, commença Philomédon en ignorant les remarques de son élève, j’ai tout de même un problème. Que tu sois perturbé par tes hormones, c’est une chose, tu as l’âge pour ça. Mais tout de même, les sorts de métamorphoses, ce n’est pas n’importe quoi ! Généralement, il faut plusieurs mages expérimentés pour les réussir. Et là, tu viens de m’en faire trois coups sur coups !

– Euh… un coup de chance, tout au plus !

– Je ne pense pas, Cyrille. Tu sais, la chance est une force, une des grandes forces de notre univers. C’est un peu comme une femme, difficile à courtiser, et elle ne se donne qu’aux meilleurs…

« Effectivement, se dit Cyrille, il n’y a pas moyen que ce soit la chance ».

– Je crois plutôt que tu as une force en toi, une force insoupçonnée, qui surgit lorsque tu vis des émotions extrêmes. Certains genres d’émotions, du moins. C’est pourquoi je voudrais faire une petite expérience.

Philomédon claqua des doigts et le rideau couvrant le mur face à Cyrille glissa, dévoilant une grande vitre derrière laquelle se tenait Yuki et le jeune mage guérisseur. Cyrille le détesta immédiatement, parce qu’il était beau garçon et que Yuki le laissait approcher de bien trop près.

– Bien entendu, ce que tu vois n’est qu’une projection mentale de ce qui se passe ailleurs.

Cyrille vit l’affreux personnage poser ses mains sur la taille de Yuki. Il vit son sourire de pignouf s’agrandir si loin qu’il sembla dépasser ses oreilles. Il vit Yuki qui se trémoussait en minaudant et il croyait presque entendre ses gloussements satisfaits. Ce qu’elle pouvait être bête, tout de même ! Aller glousser ainsi avec le premier venu, alors que Cyrille était là… Philomédon, ramenant une petite cage, la disposa face à Cyrille, entre lui et la grande vitre.

– Tu ne peux rien faire pour empêcher ce qui va se produire, Cyrille. Cependant, tu vois, je place devant toi ce couple de rat de laboratoire. C’est sur eux que tu vas déchainer ta colèèèèèèèèèère…

Philomédon termina sa phrase dans un drôle de glissement vers les aigus ! Un rayon de magie pure venait de le toucher, dirigé directement sur la vitre et venant du siège où était attaché Cyrille. Juste derrière le grand mage, les deux rats de laboratoire, très tranquilles, semblait regarder le haut personnage avec gratitude. Après tout, aujourd’hui, c’est eux qui avaient assisté à l’expérience…

– Cyrille !

Philomédon s’arrêta net, surpris du son qui était sorti de sa bouche. C’était une… Une voix de femme ! Cyrille, lui, n’avait pas encore réalisé. Rouge de colère, il regardait la vitre et le désolant spectacle de Yuki en train de se laisser faire des choses qui devraient être sévèrement punies par la loi – à moins bien sûr que soit Cyrille lui-même qui les fasse à la jeune fille, ce qui serait un cas tout différent.

– Pourquoi il est encore là, lui ! Je voulais qu’il devienne une fille, et encore plus belle que l’autre garce, pour la rendre jalouse !

– Cyrille !

Cette fois, Cyrille tourna la tête et découvrit la superbe jeune femme qui avait pris la place du vieux mage.

– Ah, tiens… Mai… Maitre Philomédon…

La splendide brune aux formes ondoyantes – Maitre Philomédon ne portait pas de soutien-gorge – s’approcha de Cyrille et le libéra de ses liens, puis empoigna son oreille pour le trainer hors de la pièce. Il ne le relâcha qu’une fois devant la magifirmerie.

– En voilà assez ! Tu vas attendre là.

Philomédon ouvrit la porte sur le désolant spectacle de trois mages guérisseurs essayant d’échapper aux appétits de la jolie Hitomi. Ils étaient deux à la maintenir, pendant qu’un troisième essayait de lui faire une piqure dans la fesse. Cependant, comme il ne comptait pas piquer ce que la belle espérait et avec l’outil qu’elle attendait, elle résistait ferme !

– Venez, j’ai besoin de votre expertise.

Les mages guérisseurs ne se le firent pas dire deux fois et ils lâchèrent la fauvesse pour se précipiter hors de la pièce. Une fois sortis, Philomédon poussa Cyrille à l’intérieur, avant de refermer la porte.

– Quant à toi, débrouille-toi avec cette furie. Après tout, tout ça, c’est de ta faute !




Chapitre 4 : Où Cyrille se rend compte que rester couché est parfois la meilleure façon d’avancer à grands pas vers son objectif !


La porte à peine refermée, un tourbillon de rondeurs, de peaux soyeuses et de cheveux s’abattit sur le pauvre Cyrille, qui se retrouva instantanément au sol. Avec des grognements sauvages, Hitomi planta ses ongles pour écarter les vêtements du jeune homme, qui craquèrent les uns après les autres. Cyrille se demandait avec inquiétude ce qui allait se produire quand elle arriverait à sa chair, mais le contact masculin sembla au contraire calmer un peu la jeune fille. Comme une chatte qui veut gouter la souris avant le repas, Hitomi se mit à frotter une langue ravie sur le corps offert. Elle se redressa ensuite, avec un couinement chargé à la fois des aigus du contentement et des graves de la menace. Sa coiffure en désordre, passant par-dessus ses joues, assombrissait complètement son visage et ses yeux n’en paraissaient que plus brillants et plus sauvages ! Elle prit dans ses longs doigts prolongés d’ongles pointus le sexe de Cyrille qui se demandait, sans pouvoir encore répondre, si c’était là le meilleur moment de sa vie ou le pire. Comme une cavalière qui veut que la monture sente son autorité, Hitomi joua alors des cuisses pour resserrer son emprise sur le corps allongé. Puis elle se souleva un peu et fit glisser la verge entre ses jambes. Cyrille avait l’impression d’entrer au paradis. Enfin, il y avait une partie de lui-même qui y entrait, c’était certain… C’était doux, serré, tiède et aspirant. Hitomi commença tout de suite un mouvement affamé, vif, appuyée sur ses cuisses qui maintenaient toujours les hanches de Cyrille pour qu’il ne s’échappe pas… Comme s’il en avait eu l’intention ! D’un geste de capitaine de bateau, elle s’empara des poignets du garçon et colla ses mains sur ses seins qui sautillaient avec vivacité. C’était tellement merveilleux, si mou, si confortable ! Cyrille se disait que les filles ont bien de la chance de transporter toujours ça avec elles, pour l’avoir sous la main à tout instant. Le premier orgasme qui secoua Hitomi donna à Cyrille l’impression d’assister à un tremblement de terre. Ou, plus exactement, d’être placé précisément sous un tremblement de terre ! La jeune fille renversa sa tête, sa gorge se mit émettre un drôle de bruit, comme un glougloutement d’évier qui se débouche, et tout son corps fut traversé de vagues épileptiques, les tremblements la traversant en onde successives. Ses mains s’accrochèrent n’importe où et la pression de ses cuisses s’effondra par à-coup, comme un étau qui hésite avant de se relâcher totalement. Ce fut le premier orgasme… Et il y en eu beaucoup d’autres avant que Cyrille ne jouisse à son tour.

Hitomi avait un peu retrouvé ses esprits, une fois la faim de ses cuisses provisoirement calmée, et elle s’était allongée à côté de Cyrille qui, de son côté, fixait le plafond avec l’air ravi d’un catatonique venant de rencontrer Dieu.

– Ne me dit pas que je vais rester comme ça toute ma vie !, souffla la jolie fille.

– Non… répondit Cyrille, d’une petite voix soudain très inquiète, non bien entendu, cela va se calmer en quelques semaines et tu seras une fille normale, enfin, presque…

La tête d’Hitomi se tourna vers Cyrille avec la grâce d’une tourelle de char d’assaut…

– Presque ?

– Disons que tu aimeras beaucoup faire plaisir aux messieurs ! Voilà ! C’est génial, non, d’aimer donner du bonheur aux gens ? Tu ne trouves pas ?

Rien qu’avec les reflets traversant le regard d’Hitomi, Cyrille su avec certitude que, non, elle ne trouvait pas.

– Et pour mon corps d’homme ?

Cyrille savait qu’il y avait une bonne réponse à cette question. Pourtant, il était bien obligé de donner l’autre…

– Mais qu’est-ce que j’y peux, moi, je ne contrôle rien ! Pour annuler un sort, il faut le mage qui l’a lancé et, dans quelques années, sans doute, quand je serai diplômé, ça sera dans mes cordes. J’espère…

– Cyrille, je veux que tu saches que je vais te tuer. Pas maintenant, parce que là, j’ai comme une faiblesse, mais je vais te tuer. Lentement et en y prenant beaucoup de plaisir. Je ferai de toi une fille, mais sans magie, à l’ancienne, à mains nues, avec les ongles… Et, dans ton cercueil, on mettra juste ta bite et tes couilles, parce que le reste, franchement, on a l’impression que c’est juste là pour l’assaisonnement… Tu as bien compris ?

– Oh oui, c’est limpide ! Tout de même, il faudra t’arranger avec Yuki et Philomédon. La dernière fois que je les ai vus, je crois qu’ils avaient tous les deux un peu la même idée…

– Nous partagerons ! En attendant, ne te méprends surtout pas sur ce que je vais faire, c’est juste pour calmer une petite démangeaison.

Et Hitomi plongea sa tête sur l’entrejambe de Cyrille, pour aussi sec commencer à le pomper goulument ! Si la mort ressemblait à cela, Cyrille se sentait l’âme d’un martyr !

Une fois la seconde vidange terminée, Hitomi partit sans un mot, et Cyrille resta seul dans la magifirmerie, à attendre le retour de Philomédon et la suite des catastrophes. La belle femme qu’était devenue son maitre passa finalement la porte. Elle avait troqué ses vêtements informes contre une élégante tenue moulante et noire. D’un geste léger, ses mains faisaient jaillir des bouffées de flammes qui s’évanouissaient à quelques centimètres dans les airs. Elle chaloupait entre ces brasiers, impérieuse et altière. Alors que sa mâchoire se décrochait d’ébahissement et que ses yeux semblaient comme aspiré par cette apparition, Cyrille remarqua qu’il n’avait pas été immédiatement foudroyé. Il nota ensuite qu’il y avait comme un quelque chose bizarre, dans les yeux de la grande beauté, quelque chose qui ressemblait à de la satisfaction…

– Les mages guérisseurs ne peuvent rien faire, bien entendu. Tu seras le seul à pouvoir me rendre mon corps, mais inutile de croire aux miracles, n’est-ce pas ? Je vais donc devoir rester une femme… Une femme jeune et follement belle, qui fascinera absolument tous les hommes. Bien sûr, il va falloir en plus que je change de nom. Philomédon, ça ne convient pas à une beauté comme moi, on n’y peut rien. J’ai opté pour Angélique ! C’est très chic, évocateur, et puis ça rend parfaitement hommage à ma position sociale. Te rends-tu comptes de tout ce qui m’arrive à cause de toi, Cyrille ? C’est terrible !

« Terrible » n’était pas le mot qui venait à l’esprit de Cyrille lorsqu’il voyait le sourire de la demi-déesse envoutante placée face à lui. C’est vrai qu’elle était belle, largement plus belle que Yuki, même si pour Cyrille Yuki resterait à jamais la plus belle. Cyrille avait parfaitement réussi son sort et il se demanda fugacement ce qui se serait passé si c’étaient les rats qui l’avaient reçu… De belles rates affolant tous les rats qui passent ? Ou alors des femmes incroyablement séduisantes, pas plus malignes qu’une souris ? Cela ouvrait des perspectives…

– Si j’osais, on dirait que ça ne vous déplait pas tant que ça, d’avoir rajeuni et de séduire tout le monde…

Cyrille n’aurait pas dû oser, mais il avait l’habitude. Un petit éclair stratégiquement placé vint calmer son insolence.

– En attendant, poursuivit la belle comme si elle n’avait pas été interrompue, j’ai un souci. Avec ce corps, je suis complètement nouveau, enfin, nouvelle, enfin, tu m’as compris, enfin, comprise… enfin bref ! Mon problème, c’est que je n’ai aucune expérience… Tu imagines une beauté glacée qui se met à jouer les petites innocentes craintives une fois mise au lit ? Je sais bien que c’est aux hommes de faire le travail, mais tout de même, je ne veux pas passer pour une gourde, ça nuirait à mon charisme. Surtout que les hommes, ça papote, ça raconte, et ça vous fait une réputation de godiche avant même qu’on ait terminé les préliminaires ! Et ça, pas question !

Cyrille, qui ne voyait pas, mais alors vraiment pas où maitresse Angélique voulait en venir, s’apprêtait à demander à rentrer chez lui, quand la main de la belle professeure se posa sur sa poitrine.

– Évidemment, acquérir un peu d’expérience, c’est facile pour une fille comme moi, mais il faut trouver le crétin que personne ne croira jamais quand il se mettra à raconter son exploit…

C’était la première fois que Cyrille adorait être traité de crétin ! La main le repoussa d’un coup sec et il rebascula au sol. Maitresse Angélique fit lentement glisser le fermoir de sa combinaison et se plaça à califourchon sur lui, dominatrice et flamboyante. Déjà, les outils du jeune homme se remettaient en ordre de marche. Ce serait la troisième fois aujourd’hui, mais Cyrille était à l’âge où les testicules des garçons sont comme des cornes d’abondance… toujours pleines !

La suite se déroula selon les attentes de chacun des protagonistes.

Une fois rhabillée, Angélique laissa Cyrille par terre et quitta la pièce. Celui-ci resta là, allongé, le regard encore brillant du spectacle merveilleux de son vieux professeur changé en femme fatale, en train de jouir sur lui dans ce corps superbe et féminin en diable, les seins dressés, la vulve se serrant sur son sexe, la bouche abandonnée dans l’extase, les yeux voilés de bonheur. La plus belle image de femme de toute son existence, assurément.

Cyrille eut tout juste le temps de rempoter son jonc au fond du bocal, lorsque Yuki pénétra en trombe dans la magifirmerie, adorable petit tourbillon de caprice furieux.

– Tu as vu Philomédon ? Enfin… Angélique ? Tu as vu ? Elle est plus belle que moi ! Tu as rendu une autre fille plus belle que moi, Cyrille ! Transforme-moi ! Je veux être aussi belle qu’elle ! Non, je veux être encore plus belle qu’elle ! C’est compris ?

– Mais je ne peux rien faire, moi…

– Pas de salades, tu l’as fait une fois, tu peux le refaire !

– Absolument pas, dit Cyrille, l’air désolé. Tu comprends, pour arriver à ce résultat, il faut des circonstances…

Yuki leva un sourcil soupçonneux. Cyrille en avait déjà trop dit et il décida de jouer le tout pour le tout.

– En fait, on s’est rendu compte que, si je lance le sort alors que suis en train… disons en train d’avoir des satisfactions charnelles, cela améliore le résultat.

– Tu me prends pour une idiote, oui ! Tu n’as pas eu besoin de t’astiquer pour me transformer ou pour changer Hitomi !

– Non, mais ça améliore, c’est comme ça…

– Bon, je veux bien, sort-là et vas-y !

– Voyons, Yuki, dit-toi bien que le résultat est à la hauteur de mon plaisir…

– Ok, je vais te branler !

– Si tu veux, mais plus j’ai de bonnes sensations, plus tu seras belle…

Yuki resta quelques secondes immobile, puis elle poussa bref un cri de rage en tapant du pied par terre !

– C’est d’accord, je vais coucher avec toi ! Mais gare à toi si je ne suis pas la plus belle créature de l’univers après ça. Je t’arracherai la virilité si lentement que tu auras le temps de voir passer plusieurs fois ton existence devant tes yeux ! Au ralenti !

– J’ai compris. Je commence à avoir l’habitude, tu sais…

Yuki repoussa Cyrille du plat de la main et, pour la troisième fois, il tomba sur le dos… Malgré la vigueur de son jeune âge, Cyrille commençait tout de même à être un peu usé par les aventures de la journée. Et cela tombait parfaitement bien car, de ce fait, il dura longtemps, très longtemps ! Et Yuki, malgré ses efforts obstinés pour se retenir, finit par craquer et, belle comme seule Yuki sait être belle quand elle est en colère, elle laissa finalement échapper un long orgasme, submergée de plaisir, avant de s’abandonner comme un petit animal contre la poitrine du garçon ravi. Le jet qui traversa alors Yuki n’avait rien de magique, c’est vrai, mais il manifesta en beauté tout l’amour que le jeune homme avait pour la jeune fille.

– Cyrille, espèce d’idiot, je suis toujours comme avant !

– Mais je te jure, j’ai lancé le sort ! À mon avis, c’est parce qu’à mes yeux, tu es déjà la plus belle fille du monde telle que tu es…

Yuki fixa quelque secondes le visage du garçon. Pour la première fois, elle le regardait sérieusement. Elle haussa finalement les épaules, levant son petit menton en un geste dédaigneux, et se leva pour se rhabiller.

– Tu n’es qu’un imbécile et un menteur, Cyrille. Tu me dégoutes ! Tu m’as manipulée… Je ne veux plus jamais te voir ! Jamais ! Tu m’entends ?

La merveilleuse petite actrice jouait si bien le dépit et le désespoir en quittant la pièce que Cyrille, troublé, en colère, et se sentant tout de même coupable, partit immédiatement à sa poursuite.

Ces deux-là n’avaient pas fini de se tourner autour…





Commentaires

  1. Vraiment extraordinaire, ça a dû être un taff colossale mais le résultat et là bravo !

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    1. Merci !
      C'est une des mes histoires préférée, je suis content qu'elle t'ai plu.

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